Jesse retrouve le porche de sa maison, le dernier symbole d’un réconfort à venir après une journée éprouvante à la rédaction. Passé la bouteille vide de Jack Daniels, laissée en évidence au dessus de l’armoire du salon pour lui rappeler ses 3 ans de sobriété, il entrouvre enfin la porte de la chambre. Il y trouve une femme épuisée mais visiblement heureuse de le revoir. Jane est sa compagne depuis des années déjà.
Chaque fois que son regard se perd sur elle le temps d’un instant, son esprit lui rappelle que c’est elle qui lui a redonné l’envie, l’amour et l’inspiration, car John rédige des nouvelles à succès pour le canard local. Mais c’est aussi elle qui lui donnera son premier enfant, celui qui scellera à jamais un avenir souriant pour leur couple.
Pas de longs discours alors que John la rejoint dans les draps. Il pose juste sa tête lourde sur le ventre déjà très rond de sa femme. Jane, la bouche semi-ouverte, s’apprêtait à lui demander comment sa journée s’était déroulée mais elle préféra juste esquisser un sourire devant son homme apaisé.
Sa journée était forcément accablante. On ne pond pas des pages de génie tous les jours. Pourtant, John avait retrouvé ce talent qui lui avait permis de percer il y a une décennie de ça. Trois de ses nouvelles avaient été publiées dans le Washington Herald et un roman devait bientôt paraître. Ces derniers temps, John s’est contenté d’écrire quelques articles pour se rendre plus présent
C’est en l’espace de 3 jours qu’un simple coup de fil lui annonce un cambriolage qui a mal tourné. Ils ont tout emporté. L’argenterie, les répliques de Gainsborough et la vie de sa femme et de son enfant.
John retourne à la rédac, des pensées plein la tête mais rien sur le papier. Juste les chaussons du gosse, récupérés au hasard parmi le capharnaüm.
D’habitude, les mots lui viennent facilement, mais il n’écrit que six mots à l’annonce du bouclage et avant de retourner au liquor store.